Prendre soin des collectifs, des âmes et des corps
- Agenc'MondeS
- 18 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 juin
Le deuxième rendez-vous du cycle « Prendre soin », initié par PCI – FWB et le Service de Soins Multidisciplinaires (SSM) D’Ici et d’Ailleurs, s’est tenu le lundi 28 octobre dernier dans l’ancien atelier de menuiserie reconverti de L’Atelier à Molenbeek. Animé par Abdelillah Esdar et Olivier Ralet, ce séminaire a rassemblé seize professionnel·le·s de l’accueil des migrant·e·s et de la santé mentale autour de la question : comment prendre soin des collectifs – de leurs corps, de leurs esprits et de leurs histoires ?
Accueil et présentations
Le groupe, composé majoritairement de psychologues, pédopsychiatres, logopèdes et animateurs socio-culturels, a d’abord partagé son prénom – et la signification qu’on lui prête – puis décrit son parcours professionnel : de l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles aux centres de thérapie et d’accueil de Liège et Schaerbeek, chacun a expliqué ce qui l’avait conduit à œuvrer au soin collectif.
Abdelillah Esdar a ensuite raconté son parcours personnel et professionnel, en évoquant notamment son projet « Du potager à l’assiette », qui lie alimentation, écologie et santé communautaire. Olivier Ralet relate, pour sa part, le récit poignant de la guérison « miraculeuse » en 1988 d’un jeune d’origine rifaine (Maroc), jugé condamné par les médecins de l’hôpital Saint-Pierre en raison d’une hépatite fulminante. Dans son témoignage (compte rendu projet 2023), il explique qu’un guérisseur du Rif lui fit boire une décoction de composition inconnue, s’accompagnant d’une réconciliation avec des dimensions spirituelles de sa double appartenance au Maroc et à la Belgique.
À la rencontre de Khadija Ounchif
Prévue pour animer ce séminaire, Khadija Ounchif, assistante sociale et activiste féministe d’origine arabe, n’a pu se joindre aux participant·e·s pour raisons personnelles. Abdelillah et Olivier ont donc restitué les temps forts de leur entretien du 10 juillet 2024, révélant :
La transmission intergénérationnelle des savoirs en soins naturels (plantes, massages, prières) : un héritage « dans l’ADN » des femmes de la famille.
La complémentarité entre médecine scientifique et médecine traditionnelle : les herboristes marocains fournissent lin, nigelle, fenugrec, tandis que la médecine « officielle » reste un recours secondaire.
Le rôle central des femmes dans le soin : massages post-partum, purifications à l’encens, invocations et transmission de pratiques sacrées.
Le parcours professionnel de Khadija : arrivée en Belgique en 1969, médiation interculturelle, prévention sida, éducation à la sexualité, accompagnement des personnes séropositives, formation en reiki et réflexologie, puis reconnaissance officielle en tant que « Femme de Paix » en 2011.

Trois axes de débat
Sur la base de ces témoignages, les échanges se sont structurés autour de trois grands thèmes :
La loi du cœur
Comment travailler avec les populations marginalisées (personnes séropositives, exilé·e·s, exclus·es), en plaçant la solidarité et l’empathie au centre du dispositif de soin ?
La place des traditions musicales et féminines
Transmission des chants et des pratiques culturelles comme vecteurs de résilience, particulièrement chez les femmes arabes.
Philosophie du soin
L’intention (niyya), l’acte et l’invocation forment un triptyque indispensable : l’approche analogique (« isomorphisme ») entre la maladie et son remède, et le rôle de la confiance collective dans le processus de guérison.
Temps de convivialité et clôture
Après un repas chaleureux partagé, Olivier a relancé la réflexion sur « la philosophie des soins venus du Maroc », insistant sur l’idée que le « patient » demeure partie prenante du Vivant — un entité poreuse qui transcende la frontière entre corps, âme et environnement. Les échanges, riches et variés, ont permis de dégager des pistes concrètes pour adapter ces pratiques aux contextes bruxellois et européens.
La session s’est conclue par la présentation des trois prochains séminaires, promettant de poursuivre la mise en réseau des acteurs du soin interculturel et de nourrir la réflexion collective.
Yorumlar