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La fabrique de joie collective : la musique des terrestres humains et non-humains

  • Photo du rédacteur: Agenc'MondeS
    Agenc'MondeS
  • il y a 6 jours
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 23 heures

Séminaire animé par Abdelillah Esdar et Olivier Ralet, au lieu de lien L’Atelier (SSM D’Ici et d’Ailleurs, Molenbeek). 19 participants.


Ouverture par Abdelillah et Olivier

60e anniversaire des accords Belgique-Maroc, soutien PCI et de D’Ici et d’Ailleurs (L’Atelier). Poursuite des recherches sur les façons de soigner.

Sont invités Hicham Bilali (m’alem gnawa, musicien fusion, fondateur du groupe Black Koyo), et trois musiciens de Black Koyo, Ayoub, Ismaïl et Driss, sur le thème de la musique, les couleurs et les odeurs comme nourriture et soin de l’âme, et comme fabrique de joie collective, entre humains et non-humains.


Double tour de présentation des participants

Les prénoms, leurs sens, pourquoi ils ont été choisis ; Contexte de travail.


Présentation de Hicham Bilali par Abdelillah

Hicham Bilali est né à Fès, de père sénégalais et de mère marocaine. Sa mère avait besoin d’au moins une lila (nuit de rituel) par an. Il est arrivé en Belgique en 2007, a dormi dans la rue, sans papiers : le morceau « Bruksil » qu’il a composé (et qu’il interprétera pendant le concert de clôture) raconte sa vraie histoire. Il a fondé le groupe Black Koyo (« koyo » désigne les musiciens gnawa, qui jouent notamment des « qarqaba », ou « qrakeb », castagnettes métalliques). Il assure une transmission du patrimoine traditionnel des Gnawa à Bruxelles, d’abord pour les Maroxellois, qui sont en majorité originaires du Rif et de Tanger : seul 10% d’entre eux connaissent la dimension spirituelle de la musique des Gnawa, qu’ils ne connaissent que comme musique pour animer les mariages et les fêtes.


Hicham Bilali développe quelques thématiques, sur lesquelles réfléchir ensemble :

  • La musique, nourriture essentielle de l’âme.

  • Les gens ont peur des Gnawa : sont-ils des sorciers ? Quand ils écoutent, ils changent d’avis.

  • La transmission à Bruxelles, d’abord pour les jeunes aux ancêtres marocains.


Olivier introduit deux thèmes de réflexion à partager

  • Les humains terrestres traditionnels, interdépendants et ‘poreux’, versus le sujet hors sol moderne, autonome et ‘étanche’.

  • L’adorcisme (‘lila’ pour s’allier aux invisibles bénéfiques) comme exemple d’entre-apprivoisement des humains et des forces non-humaines.


Réflexions (rapides) par Olivier et interactions sur la musique et les soins, à plusieurs niveaux 

  1. Musique et médecine arabo-persane : Al Farabi (872-950), les bimaristans (Damas 706, Maristan Sidi Frej à Fès, 1286-1944).

  2. Musiques chaabi (populaires) et fabrique de joie collective. Exemple de Leila Amezian qui cultive et transmet à Bruxelles la musique chaabi (féminine, judéo-arabe, tamazigh…) – Echanges avec Hicham Bilali sur la transmission à Bruxelles.

  3. Certains airs comme constituant des mlouk (djinns – jnun au pluriel – saints, esprits bienfaisants) :

    1. Les jnun comme noms donnés à des forces ; les mlouk comme agencements multisensoriels

    2. Les rituels comme présentifications des jnun :

      1. La roqia (exorcisme), expulsion des jnun nuisibles ;

      2. La lila (adorcisme) entre-apprivoisement des mlouk (jnun associés aux saint.e.s) et des (humains) terrestres ;

      3. Le sihr (sorcellerie), comme alliance avec les plus malfaisants des jnun.

    3. Controverse intra-culturelle et spirituelle au Maroc et Bruxelles : faut-il toujours garder les jnun à distance, ou peut-on s’allier (s’entre-apprivoiser) avec les mlouk ?

    4. Les confréries soufies populaires qui célèbrent les rituels d’entre-apprivoisement des (humains) terrestres et des mlouk : Les Hamadcha et les Gnawa, et l’agencement de savoirs subsahariens à l’islam marocain (comme de Djibouti au Sénégal).


Echange des bases et réflexions

  • Echanges et débats avec Hicham Bilali et les Black Koyo sur la musique comme : soin du collectif par la joie ; mode d’entre-apprivoisement des terrestres et des invisibles bienfaisants.

  • Échanges et réflexion sur « Comment penser, cultiver et transmettre l’héritage des ancêtres marocains en fabrique de joie collective ».

  • Echanges et réflexion sur l’ensemble des quatre séminaires : Sont-ils utiles ? Que nous ont-ils appris ? Ont-ils une portée sur la pratique ?


Hommage à l’immigration marocaine. Concert de Hicham Bilali et trois des Black Koyo

Hicham Bilali et son groupe ont interprété le morceau « Bruksil » (ou « Bruxelles ») qu’il a composé et qui raconte sa vie après son arrivée en Belgique en 2007, puis le morceau Lalla Aïcha al-Hamdouchiyya, composé par la confrérie des Hamadcha dont les histoires racontent que ce sont ses deux saints fondateurs qui ont fait venir du Soudan (le pays des Noirs) l’esprit Lalla Aïcha Qandicha, la reine des « mlouk » (djinns liés aux saints) pour les aider à soigner les possédés. Ce petit concert d’hommage à l’apport de la communauté des personnes ayant des ancêtres marocains aux façons de soigner donnait donc un aperçu de la musique profane et de la musique rituelle.

C’était une belle façon de clôturer le cycle de séminaire du projet PCI « Penser, cultiver et transmettre l’héritage des ancêtres marocains en pratiques de soins » avec des musiciens-guérisseurs que sont les Gnawa. (Le projet s’est prolongé en juin 2025 par une mise en réseau de ce type de ressources à la fois musicale et thérapeutique, et par la rédaction de fiches descriptive des séminaires et de leur cadre conceptuel).


Bilan et perspectives

Ce cinquième séminaire a permis de mettre en lumière la “fabrique de joie collective” comme pratique de soin, ancrée dans les héritages culturels marocains et parfaitement adaptée aux dynamiques diasporiques de Bruxelles. Le projet se poursuit en juin 2025 par la mise en réseau de ressources musicales et thérapeutiques, ainsi que par la rédaction de fiches descriptives pour documenter le cadre conceptuel et méthodologique de ces rencontres.

 
 
 

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